De l’inspiration à la création
Daniel Lanois n’a pas fait que sortir un nouvel album, en mars dernier. Il a aussi lancé un film, qui porte le même titre : Here is What is. Je n’en n’avais pas encore parlé parce que j’étais trop occupée à le regarder, trop occupée à réfléchir au thème central, c’est-à-dire la création. Lanois nous montre la face cachée de son processus créatif à lui, il nous met en image sa manière de faire descendre la magie sur ses mains. De voir ses longs doigts glisser sur la pedal steel guitar a quelque chose d’hypnotisant... De le voir jouer de la console de mixage comme si c’était un instrument à part entière, de le voir discuter avec ses musiciens et essayer de leur montrer ce qu’il entend dans sa tête, de voir le regard fervent qu’il pose sur ces musiciens qui l’entourent… Fabuleux. Quiconque actuellement engagé dans un processus créatif, quel qu’il soit, tirerait un grand bénéfice à s’imprégner de ce DVD, ne serait-ce que de le faire jouer en sourdine tout en étant occupé ailleurs…
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Pour l’un l’angoissant syndrome de la page blanche, pour l’autre la tête désespérément vide de notes ou de formes, le manque d’inspiration emprunte bien des visages. Et si certains n’arrivent à écrire qu’entouré, par exemple attablé à leur café préféré, d’autres (et j’en suis) ont un besoin viscéral de solitude. Nulle recette n’existe pour toucher à cet envoûtement : ce qui marche pour elle peut être totalement inefficace pour lui, et pire encore, ce qui a marché une fois pour soi peut ne jamais se répéter.
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Pour l’un l’angoissant syndrome de la page blanche, pour l’autre la tête désespérément vide de notes ou de formes, le manque d’inspiration emprunte bien des visages. Et si certains n’arrivent à écrire qu’entouré, par exemple attablé à leur café préféré, d’autres (et j’en suis) ont un besoin viscéral de solitude. Nulle recette n’existe pour toucher à cet envoûtement : ce qui marche pour elle peut être totalement inefficace pour lui, et pire encore, ce qui a marché une fois pour soi peut ne jamais se répéter.
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Nombre sont ceux qui sont convaincus qu’ils ne peuvent créer qu’avec la conscience altérée, par quelque moyen que ce soit. Moi la première, j’ai produit quelques-uns de mes plus beaux gribouillis, quelques-uns de mes textes les plus inspirés, alors que j’étais gelée comme une binne. J’ai, par conséquent, longtemps pensé que je ne pouvais convenablement créer qu’en étant gelée. Je me trompais, évidemment, mais pas complètement : l’euphorie chimique de la drogue ouvre des portes qui autrement demeurent verrouillées.
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L’inspiration est un processus volatile, énigmatique, insaisissable. Et je ne cause pas ici que d’inspiration artistique. Pour en avoir longuement discuté avec ma très chère cousine Mel, finissante au doctorat en physiologie et endocrinologie moléculaire, ses meilleures idées lui viennent souvent aux moments les plus fortuits : pendant qu’elle fait la vaisselle, qu’elle change une couche ou qu’elle est dans le trafic. Personnellement, il me vient souvent des flashs créateurs durant les quelques minutes qui précèdent le sommeil, et durant les quelques minutes qui précèdent l’éveil, et aussi quand je fais du ménage, de la popote… Bref, dans des moments où précisément je ne la cherche pas, l’inspiration vient. Qu’est-ce à dire ? Que l’esprit créateur a besoin d’un certain relâchement de la conscience pour opérer efficacement ?
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Un des plus mystérieux processus de l’univers, outre la vie elle-même, l’inspiration est un état de grâce, et la création en est son expression.