mercredi 12 décembre 2007

Boum et Mario

Peu de temps après que je sois revenue de Montréal, je feelais plutôt nostalgique. Je me demandais ce qu'étaient devenus ces vieux chums d'adolescence dont, pour la plupart, je n'avais eu de nouvelles depuis... depuis l'adolescence, justement. Outre Christian Lévesque, bien sûr, qui est devenu... mon député provincial. Un jour de juillet tout ensoleillé, j'ai tapé quelques noms sur Google, pour le fun, sans grand résutalt. Quand j'ai inscrit "Marie-Josée Béland", le premier lien trouvé s'avéra être... un avis de décès. Je clique sur la chose, m'attendant à trouver n'importe qui sauf Marie, mais... Dire que j'ai eu un choc serait l'euphémisme du siècle. C'était bien Marie, Boum de son surnom, qui était partie deux mois plus tôt. Les yeux plein d'eau, je lisais et relisais son avis de décès, recherchant quelque indice sur la cause de sa mort, en vain... Elle n'a pas quitté mes pensées les jours suivants. Oh, Boum et moi n'avions jamais été les meilleures amies du monde, comme on dit, mais nous avons partagé la même case de polyvalente, et les mêmes cigarettes, et les mêmes cours, et les mêmes partys de sous-sol d'église... pendant deux ans. Je me souviens avoir dormi chez elle quelques fois, et d'avoir tellement souhaité m'intégrer dans la "gang de Beaumont". Je l'avais revu il y a peut-être huit ans, au centre d'achats, avec sa fille Laury... elle était toujours avec son grand Mario, l'amour de sa vie. Boum et Mario étaient ensemble depuis l'adolescence, vous savez, ce genre d'amour qui fait se demander s'ils ne se connaissaient pas bien avant de naître... Quand j'ai su, pour Boum, j'ai écrit une lettre à Mario, lui exprimant bien sûr mes sympathies, et m'interrogeant discrètement sur les raisons de ce départ pour le moins précipité... Je n'avais pas eu de réponse, et franchement je n'en attendais pas. Il devait bien avoir d'autres chats à fouetter. Puis, quelque temps plus tard, comme si la vie s'arrangeait pour répondre à mes questions, j'ai croisé une copine commune sur un stationnement, et elle m'a tout raconté. Le cancer du poumon, puis le cancer généralisé, la déchéance physique, la mort à la maison... J'en braillais sur le parking. Les mois passèrent, et souvent je pensais (et je rêvais) à Boum, à Mario et Laury qui restaient... Il y a deux semaines, en parcourant les avis de décès du journal local, j'ai vu le nom de Mario... et j'ai lu, stupéfaite, qu'il était mort le 31 octobre dernier. Il a fallu que je m'assoie, je n'en revenais tout simplement pas. Et encore une fois, aucuns détails sur l'avis de décès... J'espère tellement qu'il ne s'est pas suicidé ! Qu'est-ce que doit se dire sa fille, hein ? Comment doit-elle se sentir, hein ? Je ne connais pas vraiment Laury, mais son visage fait souvent "pop-up" dans ma tête, à des moments incongrus, et chaque fois j'espère qu'elle a du monde autour d'elle pour la soutenir.
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Je ne sais pas pourquoi ça me heurte autant. Après tout, je n'étais plus proche d'eux, et ça fait si longtemps... Est-ce que parce que je suis à un âge où il n'est pas courant de voir le nom d'un compagnon d'école dans les avis de décès ? Ou serait-ce plutôt, plus exactement, la mort de quelqu'un de mon âge ? Départ insolent, en plein milieu d'une vie, qui me retourne en pleine face mon inéluctable mort, à moi aussi. Je ne sais. Même si je ne prie pas, je souhaite que Boum et Mario se soient retrouvés quelque part où il fait soleil, où la maladie n'existe pas, d'où ils peuvent veiller ensemble sur leur petite adolescente désormais orpheline... J'espère tellement.