Montréal et... Lévis
En réponse à une question posée par Machavalou (non, je n'ai pas oublié), qui m'a demandé lors d'un billet interactif:
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Tu as habité Montréal et Québec ; est-ce que les habitants de ces deux grandes villes sont si différents ? Selon certains médias, il semblerait que oui. J'aimerais bien connaître ton point de vue.
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J'ai noté bien des ébauches de réponses, et quand je me suis rendue compte que j'avais déjà plutôt bien décrit ailleurs (dans mon premier roman, pour tout dire) ce que j'en pensais, je me suis dit que ce serait la meilleure réponse à donner...
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Les deux premières années avaient été enivrantes : Anne découvrait une ville qui souvent lui donnait l’impression de visiter un autre pays. Une contrée imaginaire, où toutes les cultures se côtoient, où toutes les couleurs de peau se frottent les unes aux autres, et où toutes les langues se chevauchent dans un vacarme parfois étourdissant, digne de la tour de Babel. Pourtant, cet amalgame culturel qui au début l’avait charmée l’agaçait un peu, à présent. Elle avait trop souvent le sentiment d’être elle-même une immigrante dans un quelconque pays lointain, dépendamment du quartier où elle se trouvait. Pendant sept ans, elle avait plus fréquemment parlé anglais que français, dans une ville pourtant censée être "francophone"… Bref, Anne avait déchanté. Elle avait eu l’occasion de croiser plusieurs compatriotes lévisiens; tous semblaient adorer Montréal, et aucun d’eux n’avait l’intention de retourner un jour vivre à Lévis. Cela l’étonnait un peu, mais elle finit par conclure qu’elle était à part des autres, comme d’habitude. À force de vivre dans la marge, hors des normes usuelles, on finit par s’imaginer être un extra-terrestre… c’est du moins l’impression qu’avait Anne, plus souvent qu’autrement. Elle aurait bien voulu être toute pareille à la majorité, à tous les niveaux… sa vie aurait certainement été plus facile. Mais, comme disait parfois son père pour illustrer l’incontournable fatalité : "C’est demandé d’même !". Elle n’avait pas décidé d’être ainsi faite, et avoir eu le choix des cartes, elle aurait préféré se perdre dans la masse, passer complètement inaperçue.
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J'ajouterais que, revenue sur mes terres depuis plus de deux ans maintenant, l'air est totalement différent. Presque autant que les gens. C'est plus limpide, plus léger... moins compliqué. Mais il ne faut pas oublier l'essentiel: il ne s'agit là que de ma perception à moi. Vous demanderiez à mon propre frère ce qu'il pense de Montréal, et vous auriez une réponse opposée. Lui, vous le payeriez pour revenir à Lévis, et il se sauverait en courant. Tout est une question de goût ! :o)