Au revoir, ma belle Wati
Aaahh, Wati ! Un jour d'octobre 2001, alors que je clavardais sur mon site préféré de l'époque, une web-copine me demande si j’ai envie d’adopter le dernier chaton qui reste de la portée de sa chatte, avec lequel elle ne sait plus trop quoi faire et qu’elle envisage même d’abandonner à son sort, dehors… Moi, Mère Théréchats, je laisserais une petite chatonne livrée à elle-même dans les ruelles du terrrrrible quartier Saint-Michel ? Que nenni ! Alors je me suis tapé un long trajet de métro, et je suis revenue de la même manière avec Wati miaulant au meurtre dans une petite boîte de carton bien aérée. La petite a tout de suite fait preuve d’un grand courage en affrontant sans fléchir les feulements de Kali et Zia, et sembla réellement s’ennuyer de ses sœurs d’adoption lorsqu’elles nous quittèrent pour un monde meilleur. Wati et moi sommes donc restées en tête-à-tête pendant plusieurs mois, savourant cette relation exclusive faite de colleux intempestifs et de rentre-dedans impératifs du genre "enweilles, la mère, flatte-moé tu-suite !". Plusieurs mois plus tard allait arriver Fripouille, et ce fut le premier d'une longue série de changements que tu n'allais pas apprécier, ma grosse minoune...
Nous avons vécu toutes les trois en relative harmonie, bien que tu n'aie jamais accepté de me partager avec personne, ni chat ni humain. Je t'ai imposé quatre déménagements en six ans, et ce dernier aura été... ton dernier. L'escalier tu n'as pas digéré, et non plus le va-et-vient humain auquel tu n'avais jamais été habituée... Tu t'es donc mise à me faire remarquer ton malaise, de plus en plus souvent, de plus en plus odoréfiquement, sans compter cette grosse bosse suspecte qui a poussé sur ta queue. Je connais assez les chats pour savoir qu'arrivée à ce stade, il est hautement improbable que la vapeur se renverse et que tu reviennes à de meilleures dispositions. Ce matin, vers 6 heures, tu m'as réveillée en pissant au pied de mon lit, en miaulant. Ce matin, donc, j'ai pris une décision qui me troue le coeur à chaque fois que je dois en arriver là... J'ai beau être adoratrice de la gent minounienne, j'ai comme qui dirait une "éthique" en ce qui les concerne: oui, je les aime, oui, souvent, je suis mieux avec eux qu'avec certains humains, mais... Mais voilà, ce sont des chats. Même si j'en avais les moyens (ce qui n'est pas le cas), je ne serais moralement pas capable de dépenser des fortunes pour faire soigner un animal qui souffre, et qui plus souvent qu'autrement continue de souffrir malgré les traitements que nous, humains supposément tout-puissants et bien-pensants, lui infligeons... Bref, nous allons cet après-midi chez le vétérinaire. Je serai avec toi jusqu'à la toute dernière seconde, ma belle minoune, je caresserai ton poil rêche mais en même temps si doux, jusqu'à ce que je sois bien certaine que ta féline âme nomade ait bien rejoint le Paradis des Chats. Tu y mérites une place bien au chaud, ma grosse, tu as été la meilleure des minounes. Bon voyage, belle Wati. Miaôw.