Fernando et les gros
Dimanche dernier, le peintre et sculpteur colombien Fernando Botero était de passage à l’émission Tout le monde en parle, pour souligner l’exposition de ses œuvres au Musée national des beaux-arts du Québec.
Guy A. Lecave ouvre l’entrevue de façon convenue, en soulignant les rondeurs excessives des personnages de Botero, et lui demande, avec une légère répugnance évidente, s’il est attiré par les "personnes corpulentes". Et là, cet homme que l’on qualifie de "peintre vivant le mieux coté au monde" prend un air à la fois dégoûté et amusé en tendant les mains devant lui : "Oh non ! Je ne suis jamais allé avec une grosse ! Ma femme est maigre, même très maigre !" Non, mais ! On lui aurait demandé s’il avait la lèpre ou des morpions qu’il n’aurait pas réagi autrement, ce mufle ! Comme si "d’aller avec une grosse" était la pire des abominations, qu’il ne faudrait surtout pas avouer, même sous la torture… J’vous mens pas, j’en bavais de rage sur mon fauteuil !
Si j’ai bien saisi l’argumentation un brin confuse du suffisant monsieur, un gros dans la vraie vie, c’est laid, mais un gros sur ses toiles à lui, c’est beau, ça "devient de l’art". Allôôô ?!?! J’hallucine de voir tous ces ti-jos-connaissants de l’art s’extasier devant les gros de Botero, ces mêmes gens qui souvent reniflent de mépris devant un vrai de vrai gros, d’os et surtout de chair : quelle hypocrisie, bordel !
Le pire, dans tout ça, et ce qui heurte le plus à mon avis, c’est que Botero n’a fait qu’exprimer spontanément l’opinion de la masse. Après, on s’étonnera que la plupart des grosses aient une si piètre estime d’elles-mêmes. Les gros, eux, sont moins touchés par cette lipophobie ambiante : un gros gars, c’est un bétail, c’est un homme fort, c’est du solide, c’est du sécurisant. Une grosse femme, c’est une lâche qui se laisse aller, une cochonne qui fait pas attention, à la limite une bonne copine faire-valoir pour toute femme "normale" (entendre ici : pas grosse) désirant se mettre en évidence.
Croyez-moi, je ne paranoye pas. Quiconque n’est jamais resté coincé dans un tourniquet d’épicerie ou un siège d’avion ne peut pas se figurer ce que c’est qu’être gros. J’en ai assez vu, entendu, lu et surtout vécu pour écrire tout un livre (ce que je pense sérieusement à faire, d’ailleurs) sur l’"ostracisation" des gros en Occident. Mais… rassurez-vous. J’ai –au prix d’efforts acharnés- dépassé le stade où je prenais tout ça de manière intensément personnelle. Je m’offusque encore, certes, et je ne crois pas (voire ne souhaite pas) être jamais capable de cesser de m’offusquer. Mais contrairement à une certaine époque de ma vie, je ne me laisse plus arrêter par mon corps. Le gras m’est moins un boulet qu’il le fut autrefois. J’ai appris à vivre avec ce body qui est le mien, et surtout, j’ai compris qu’il fallait impérativement le respecter.
Visiteurs éventuels de l’expo Fernando Botero… extasiez-vous si vous en avez envie, et… ayez une petite pensée genre "sourire en coin" pour moi. :o)
Guy A. Lecave ouvre l’entrevue de façon convenue, en soulignant les rondeurs excessives des personnages de Botero, et lui demande, avec une légère répugnance évidente, s’il est attiré par les "personnes corpulentes". Et là, cet homme que l’on qualifie de "peintre vivant le mieux coté au monde" prend un air à la fois dégoûté et amusé en tendant les mains devant lui : "Oh non ! Je ne suis jamais allé avec une grosse ! Ma femme est maigre, même très maigre !" Non, mais ! On lui aurait demandé s’il avait la lèpre ou des morpions qu’il n’aurait pas réagi autrement, ce mufle ! Comme si "d’aller avec une grosse" était la pire des abominations, qu’il ne faudrait surtout pas avouer, même sous la torture… J’vous mens pas, j’en bavais de rage sur mon fauteuil !
Si j’ai bien saisi l’argumentation un brin confuse du suffisant monsieur, un gros dans la vraie vie, c’est laid, mais un gros sur ses toiles à lui, c’est beau, ça "devient de l’art". Allôôô ?!?! J’hallucine de voir tous ces ti-jos-connaissants de l’art s’extasier devant les gros de Botero, ces mêmes gens qui souvent reniflent de mépris devant un vrai de vrai gros, d’os et surtout de chair : quelle hypocrisie, bordel !
Le pire, dans tout ça, et ce qui heurte le plus à mon avis, c’est que Botero n’a fait qu’exprimer spontanément l’opinion de la masse. Après, on s’étonnera que la plupart des grosses aient une si piètre estime d’elles-mêmes. Les gros, eux, sont moins touchés par cette lipophobie ambiante : un gros gars, c’est un bétail, c’est un homme fort, c’est du solide, c’est du sécurisant. Une grosse femme, c’est une lâche qui se laisse aller, une cochonne qui fait pas attention, à la limite une bonne copine faire-valoir pour toute femme "normale" (entendre ici : pas grosse) désirant se mettre en évidence.
Croyez-moi, je ne paranoye pas. Quiconque n’est jamais resté coincé dans un tourniquet d’épicerie ou un siège d’avion ne peut pas se figurer ce que c’est qu’être gros. J’en ai assez vu, entendu, lu et surtout vécu pour écrire tout un livre (ce que je pense sérieusement à faire, d’ailleurs) sur l’"ostracisation" des gros en Occident. Mais… rassurez-vous. J’ai –au prix d’efforts acharnés- dépassé le stade où je prenais tout ça de manière intensément personnelle. Je m’offusque encore, certes, et je ne crois pas (voire ne souhaite pas) être jamais capable de cesser de m’offusquer. Mais contrairement à une certaine époque de ma vie, je ne me laisse plus arrêter par mon corps. Le gras m’est moins un boulet qu’il le fut autrefois. J’ai appris à vivre avec ce body qui est le mien, et surtout, j’ai compris qu’il fallait impérativement le respecter.
Visiteurs éventuels de l’expo Fernando Botero… extasiez-vous si vous en avez envie, et… ayez une petite pensée genre "sourire en coin" pour moi. :o)