mercredi 4 juillet 2007

Blogbilan

(avec deux jours de retard, mes boîtes vous demandent pardon)
.
C’est curieux, cette impression que lors de toutes ces petites anecdotes que je raconte, vous n’étiez pas là et pourtant vous y étiez. Vous m’accompagnez partout. Je ne vis ces choses que pour vous les raconter. Si vous ne lisiez pas ceci, je ne le vivrais pas. J’écris pour ne pas perdre la mémoire; vous m’aidez à me souvenir de tout. Ma vie serait encore plus inutile sans vous.
Frédéric Beigbeder
L’égoïste romantique

.
Je savais déjà, pour l’avoir intensément expérimenté, que le virtuel peut parfois chambouler le réel. Ce que je ne savais pas, c’est que j’allais prendre autant de plaisir à bloguer et à fréquenter mes blogues préférés.
.
Affirmer que je n’avais aucune attente en commençant à bloguer serait un mensonge éhonté. Les énoncer clairement, ces attentes, serait par contre plutôt malaisé. On aura beau claironner qu’on ne blogue que pour soi… si c’était vraiment le cas, on se contenterait de remplir son journal intime, le seul lieu possible d’une vraie discussion entre soi et soi. Si je blogue, moi, c’est autant pour m’exprimer que pour être lue. Et, je n’ai pas de fausse pudeur à l’admettre, avec l’espoir d’être appréciée. Oui, l’humain besoin d’être aimé.
.
J’ai mis quelques semaines à me familiariser avec les us et coutumes de la blogosphère. Après cinq mois de fréquentation assidue de cet univers particulier, je crois en avoir assez bien cerné les frontières, les limites et les possibilités. Il ne faut pas jouer l’autruche : plusieurs blogues sont ennuyants comme la pluie. Certains sont même à la limite du soporifique. Ça ne les empêche pourtant pas de figurer à d’enviables positions sur les nombreux palmarès-blogues. Pourquoi ? Ma seule hypothèse, c’est que le monde ordinaire aime lire le monde ordinaire, et se reconnaître dans sa vie ordinaire. Ça sécurise un max de constater qu’on n’est pas seul à mener une vie banale. Parce que, ne nous leurrons pas, la blogosphère est un miroir de l’ordinaire. Et c’est bien ainsi. Je considère que tout le monde a le droit de s’exprimer, même si c’est pour énoncer des platitudes sans intérêt. Et même si c’est pour éructer des propos stupides, offensants, frustrants et/ou insignifiants. Si on reconnaît le droit à tous de s’exprimer, il faut être conséquent et laisser à chacun le droit de manier la plume comme il l’entend. La blogosphère donne de l’importance à des gens et des propos qui autrement n’en n’auraient pas. Je ne suis pas encore arrivée à déterminer si c’était une bonne ou une mauvaise nouvelle. Le seul choix que nous avons, c’est de ne pas lire. Et ça, je ne m’en prive pas.
.
Il en va du blogue comme de la vie : on a beau s’imaginer protégé par la barrière de l’écran, par l’illusion de la virtualité, chaque blogueur n’est rien d’autre que lui-même. Une personne qui tente de vivre en respect de ses principes et ses valeurs risque de reproduire les mêmes règles (entre autres de civilité) qu’elle respecte dans le «réel». Inversement, un être irrespectueux dans la vie a bien peu de chances de devenir le roi de la politesse sur le net. Si un effronté méprise en général l’étiquette et les conventions de la vie sociale, n’allez pas vous imaginer qu’il en sera autrement sur son blogue (et celui des autres). La blogtiquette est un concept dont certains n’ont jamais entendu parler, et en entendraient-ils parler qu’ils s’en crisseraient éperdument. Inutile de vous préciser que je ne lis pas ces gens. Et parlant de blogtiquette : quand je prends le temps de laisser un commentaire chez quelqu’un, je m’attends à un minimum de politesse, comme quand je souris à quelqu’un dans la rue ou que je retiens une porte pour éviter que le nez de la personne qui me suit ne s’y fracasse. Un p’tit bonjour, un p’tit sourire, une quelconque réaction qui m’indique que ma visite n’est pas passée dans l’beurre. J’espère aussi, souvent en vain, une visite de courtoisie chez moi, ou un commentaire de politesse, appelez ça comme vous voulez. Bref, un minimum de savoir-vivre, tsé ? Parce que moi, les commentaires des gens qui me lisent m’importent énormément, quels qu’ils soient. Le feed-back me semble essentiel si on cherche vraiment à communiquer avec autrui. Je ris au nez de blogueurs qui me diront le contraire : ils seraient les premiers à se taper une crise d’angoisse aigüe si les commentaires cessaient chez eux du jour au lendemain. Mais bon… j’imagine que ces blogueurs préfèrent le monologue à l’échange réel. Grand bien leur en fasse, mais je ne serai pas au nombre de leurs lecteurs béats. Ces considérations excluent bien entendu les blogueurs-vedettes, qui eux, on s’en doute, n’ont que peu de temps et/ou d’intérêt pour répondre (encore moins visiter) la plèbe qui afflue sur leur blogue. Je lis quelques-unes de ces stars du net (il y en a même une qui figure sur mon blogroll), mais en général ces vedettes m’ennuient profondément. Comme les vedettes dans la «vraie vie», d’ailleurs.
.
Et comme dans la vie, plusieurs se complaisent dans le name-dropping et le lichage d’autrui. Pour les identifier, il n’y a qu’à consulter leur blogroll : tous les «grands noms» de la blogosphère y sont déclinés. Mon blogroll n’est pas accessible à n’importe qui, si populaire soit-il sur les palmarès. J’ai une vision de la chose qui élimine au départ bon nombre d’aspirants, car je ne lis pas les blogues où pullulent les fautes, non plus que ceux dont le propos tient plus du délire qu’autre chose. Et que personne ne s’en offense, mais les blogues de professeurs et de mamans à la maison : ch’pus capabbbb ! (pardonne-moi d’avance, Valérie-Ann, tu es l’exception qui confirme la règle). Sachez donc que pour se mériter l’infime honneur (ouch !) de figurer sur mon blogroll, il faut me faire rire, et/ou me faire réfléchir, et/ou me stimuler intellectuellement, m’émouvoir et/ou bousculer gentiment certaines de mes idées reçues, me brasser allègrement les certitudes. Bref : ne pas me laisser indifférente. J’ai une sainte horreur de l’indifférence, tant de ma part qu’à mon égard.
.
Ce que je voulais surtout vous dire, bien-aimés lecteurs, c’est que depuis maintenant cinq mois j’écris ici… je vis ici. Et qu’en si peu de temps, ce geste de lancer dans la mer virtuelle mes petites bouteilles en verre coloré m’est devenu essentiel. La satisfaction d’écrire et le plaisir de se savoir lue sont inestimables. Et vous lire m’apporte une joie que je ne peux décrire. Et que dire de vous rencontrer…
.
Merci d’être là jour après jour, et merci de prendre le temps de me dire le fond de votre pensée, quelle qu’elle soit. Merci d’être là, tout simplement. Et rendez-vous au deux-centième ! :o)